Haricot vert, haricot mangetout, haricot à
écosser, haricot rouge (Phaseolus vulgaris),
haricot beurre (Phaseolus limensis),
flageolet (Phaseolus
spp.),
haricot d’Espagne, haricot de Soissons (Phaseolus coccineus),
haricot de Lima, haricot du Cap, haricot de Madagascar (Phaseolus lunatus L.),
haricot mungo (Phaseolus aureus),
haricot noir (Phaseolus aconitifolius),
haricots chinois (Vigna sinensis)
Famille des Papilionacées (Fabacées)
Haricot par haricot se remplit le sac
Proverbe grec moderne
Selon des observations faites sur des restes
archéologiques du Pérou puis du sud-ouest des États-Unis, on sait aujourd’hui
que les haricots sont originaires d’Amérique (surtout les montagnes d’Amérique
centrale et les Andes), contrairement à une idée longtemps répandue d’une
origine asiatique(1).
D’ailleurs, des textes espagnols datant du XVIème siècle mentionnent la
présence de haricots en Amérique. Le Codex Mendocino de 1553 est un
manuscrit relatant les taxes versées par les villes au dernier empereur aztèque
Moctezuma Xocoyotzin, mentionne que ce dernier recevait à peu près 5000 tonnes
de haricots chaque année (en plus du maïs, du cacao, de vêtements, etc.). Les
haricots à écosser sont les plus anciens. Le haricot vert, issu d’améliorations
par les jardiniers, est plus tardif. Les deux sortes se sont succédé au fil des
siècles suivant les différents modes alimentaires.
Le haricot mungo et le haricot noir étaient cultivés en
Inde. Le haricot blanc l’était au Pérou et au Mexique voici plusieurs
millénaires et constituait, avec le maïs, la base nutritionnelle des
Amérindiens. Son nom ayacolt, viendrait du nahuatl, langue parlée par
les Aztèques. Le terme haricot désigne la gousse et les graines. A titre
d’exemple, le haricot commun était appelé frisoles et le haricot de Lima
pallares par les Amérindiens, mais chaque ethnie avait un nom précis
pour désigner chaque variété. Graduellement, la culture du haricot blanc s'est
répandue à travers l'Amérique au fil des migrations des populations. Les
Amérindiens fabriquaient une sorte de pain avec des farines de maïs et de
haricot, mélangées à de la noix de noyer cendré(2)
broyée.
Christophe Colomb découvrit de nombreuses variétés,
notamment le haricot de Lima qui fut ensuite introduit en Europe, en 1528 en
Italie et en 1594 dans le sud de la France, dans une région où l’on nommait ses
graines faioulx (d’où peut-être le nom populaire de "fayot"). Il fut
considéré pendant de nombreuses années comme une plante ornementale. Dans
l’Antiquité, les légumes secs avaient une importance considérable dans
l’alimentation quotidienne. Ils étaient généralement associés à la force des
hommes et à l’endurance des femmes. Chez les Égyptiens, les légumineuses
étaient personnifiées comme ayant une âme et ainsi les croyances en interdisaient
la consommation. Chez les Grecs anciens, elles faisaient l’objet d’un certain
mépris car on les soupçonnait de pousser les consommateurs à la démence.
Columelle le mentionne dans ses écrits et recommande la culture des haricots
pour leurs fruits et pour leurs graines.
Le haricot vert est la légumineuse cueillie immature.
Des fouilles archéologiques en Arizona et dans l'Utah révèlent que le haricot
vert était cultivé en Amérique avant la venue des Européens. Ce n'est qu'à la
fin du XVIIème siècle que les Italiens commencèrent à consommer les jeunes
pousses immatures sous forme de légume. Le haricot vert était né !
Curieusement, au XVIème siècle en Angleterre, on nomme
le haricot french bean. Au XVIIème siècle, Olivier de Serres
appela les haricots phasiols, nom qui se transformera plus tard en faviol,
puis en monguette, terme qui désigne encore de nos jours, notamment en
Charente-maritime, une sorte de haricot blanc. Catherine de Médicis imposa le
haricot à la Cour de France car Piero Valeriano(3),
un chanoine humaniste italien, lui en avait donné quelques graines qu'il avait
reçues du pape Clément VII(4).
Mais le haricot n'était pas énormément consommé car on l'accusait de provoquer
une digestion difficile. Ce n’est que durant la première décennie du XVIIIème
siècle qu’il fut reconnu pour ses qualités culinaires et qu’il devint populaire
en même temps qu’il était cultivé de façon intensive, d’abord par les Italiens.
Le haricot était le légume préféré de Napoléon qui lui, le mangeait à l'huile.
Il est devenu à la mode en France au XIXème siècle
grâce à Brillât-Savarin(5),
qui disait « préférer le haricot vert, jeune et tendre, qui ne donnait pas
d’embonpoint et n’était pas venteux, au vulgaire "fayot" ». En
Inde, on appelle le haricot sec le bengal gram que l’on sert aux
athlètes et aux lutteurs professionnels. Les haricots mungo, les haricots
beurres et les haricots noirs poussent à peu près partout en Inde. La purée de
haricots mungo cassés est une très bonne source de protéine et est facilement
digérable par les bébés ou les personnes âgées. Dans le temple dédié à la
déesse Vaishno Devi au Cachemire, on trouve une multitude de petits restaurants
qui accueillent les visiteurs de passage avec un repas traditionnel à base de
haricots rouges sur du riz. Cependant, les haricots rouges contiennent une
résine toxique, qui disparaît après un trempage d’au moins dix heures et une
cuisson de plus de douze minutes.
Pour les Navajo, le haricot frais est un aliment sacré,
que l’on retrouve sur leurs peintures de sable.
Dans les contes pour enfants, les haricots dotés de
pouvoirs surnaturels sont un motif récurrent. Dans le conte anglais, Jack et le
haricot magique(6),
un jeune homme pauvre vivant avec sa mère, échange contre leur unique vache des
haricots magiques, qui en poussant, formeront une véritable échelle végétale,
qui permettra à Jack de rencontrer un ogre et sa femme et de lui dérober sa
fortune, un sac de pièces d’or, une poule aux œufs d’or et une harpe
d’or ; l’ogre poursuivant Jack, mourra dans sa chute.
Aux
Philippines, le haricot Mungo ou Mung Bean est considéré comme un
légume versatile. Le haricot est l'ingrédient principal du ginisang munggo :
des haricots sautés qui composent un des plats les plus populaires du pays. Les
feuilles sont utilisées pour parfumer les ragoûts. Les tiges germées se
retrouvent dans le lumpia frit.
Les haricots noirs sont abondamment utilisés dans la
cuisine mexicaine, notamment pour les frijoles refritos. Tous les
haricots sont interchangeables dans la plupart des recettes, ils acquièrent la
saveur des préparations dans lesquelles ils cuisent.
Le jus de haricot noir est préconisé dans les cas de
constipation et est donné aux enfants hyperactifs au Japon. Certaines enzymes
contenues dans les haricots renforcent le système immunitaire et en
introduisant au moins trois fois des haricots dans le régime hebdomadaire, on
peut combattre l’augmentation du taux de cholestérol. La famille des haricots
permet également de réduire le taux de sucre dans l’organisme.
1. Linnaeus proposait
par exemple en 1753 une origine indienne (d’Inde) pour le haricot Phaseolus
vulgaris.
2. Que les Amérindiens mangeaient également crue et entière.
3. Le Hieroglyphica
de Piero Valeriano est une véritable encyclopédie sur les fleurs et les plantes
et deviendra l'ouvrage de référence des catholiques lettrés de toute l'Europe
pendant plus d'un siècle.
4. Ce dernier les avait lui-même reçues d’un navigateur de retour d’Amérique. Nous
étions en 1528, le chanoine nota le processus
de germination, s’émerveilla d’une pléthorique fécondité, fit savoir combien il
s’était régalé du ragoût préparé à partir de la récolte. Les grains eurent
bientôt conquis l’Italie du Nord.
5. Magistrat, gastronome
et écrivain français (1755 – 1826). Il est connu par un traité du goût écrit
par un anonyme de son époque : La physiologie du goût ou Méditations de
gastronomie transcendante.
6. D’après le titre original : Jack and the Beanstalk.
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