Artichaut comestible, cardon d’Espagne (Cynara
scolymus)
artichaut sauvage (Silybum marianum)
artichaut sauvage (Silybum marianum)
Famille des Composées (Chicoriacées)
L’artichaut que l’on consomme est en réalité la portion
florale immature de la plante, ce que nous appelons les feuilles sont les
bractées qui entourent une base (le cœur) et ses éléments floraux (le foin).
Il est originaire des régions méditerranéennes et était
connu des Grecs et des Romains. Cynara vient du latin canina (canine), à
cause de la forme rappelant les canines des chiens. Marianum vient de la
vierge Marie, la tradition voulant que les nervures blanches des feuilles viennent
de son lait. Depuis lors, la plante est connue pour avoir des effets négatifs
sur la lactation.
Artichaut vient de l’italien articiocco ou du lombard
articioc, issu lui-même de carciofo nom italien actuel, dérivé de l’arabe ardhi
(terre) et shauk (chardon). Le nom d’artichaut a été établi au XVIème siècle.
L’artichaut était à l’origine un chardon sauvage (le
cardon, Cynara cardunculus), qui, sous l’influence de croisements et
d’améliorations, est devenu la plante que nous connaissons. Dans la mythologie,
Jupiter tomba amoureux fou de Cynara, une belle jeune fille aux cheveux blonds
cendrés qui le repoussa ; pour la châtier, il décida de la transformer en
Cynara Scolymus (en artichaut). L’artichaut était connu comme herbe médicinale
par les Arabes médiévaux comme al-kharsuf ou al-karchouf. Il faisait partie des
plantes cultivées dans les jardins des Grecs, et ces derniers ainsi que les
Romains s’en sont servis comme aide à la digestion. Son intérêt gustatif est
connu et décrit par Columelle(1)
dès le Ier siècle. Au milieu du XVème siècle, l’artichaut est cultivé par des
horticulteurs italiens. Au milieu du XVIème siècle, il est introduit en France
– d’abord sur les tables royales – par Catherine de Médicis(2)
venue épouser Henri II. Déjà à quatorze ans, elle n’obéissait pas aux
médecins de la cour qui lui déconseillaient la consommation de cet
aphrodisiaque dont les conséquences, pensaient-ils, pouvaient être terribles
sur l’esprit. Catherine se faisait confectionner des "bétilles",
petits pâtés en croûte garnis d’artichaut et relevés de crêtes et de rognons de
jeunes coqs ! Un jour, au mariage d’un marquis, elle en fit même une
indigestion. Cependant, l’artichaut demeura longtemps un aliment de luxe. Louis
XIV les adorait et La Quintinie, responsable des jardins royaux, en distinguait
déjà cinq variétés. Au XVIIème siècle, il est recommandé dans le traitement de
la jaunisse.
A l’artichaut furent toujours attribuées des vertus
aphrodisiaques. En 1627, Courval-Sonnet(3)
constatait que « les avaleurs d'artichauts ne parlent que d'assaut ».
Au cours de ce même siècle, dans sa Pharmacopée, Brice Bauderon(4)
écrivait que les tiges d'artichauts confites dans du sucre « étaient
propres à émouvoir aux jeux des dames les plus couards et maléficiés ».
Les apothicaires les vendaient ainsi préparées pour nouer l'aiguillette,
c’est-à-dire constituer un maléfice supposé capable de rendre un homme
impuissant. Jusqu'en 1690, artichaut finissait par un "d", comme
chaud, et les femmes qui osaient en manger passaient pour des dévoyées. Au
XVIIIème siècle, les libertins achetaient "sous le manteau" des tiges
de l’innocent artichaut, réputé comme puissant aphrodisiaque. En 1822, Le prude
Carême(5)
transforma en "fond" ce qui, jusque là, s'appelait gaillardement un
"cul" ; en effet, dans un dictionnaire de la langue française de
la fin du XVIIème siècle, l’auteur Antoine Furetière(6), écrit que
« l’artichaut a des feuilles piquantes comme un chardon, qui forment une
espèce de pomme dont le cul est bon à manger ». D’ailleurs, dans les rues
de Paris, les marchands ambulants vantaient leur marchandise avec
raffinement : « Artichauts, artichauts! C'est pour Monsieur et pour
Madame. Pour réchauffer le corps et l'âme. Et pour avoir le cul
chaud ! ». On lui attribue également le pouvoir de guérir des
maladies vénériennes :
« Colin mangeant des artichaux
Dit à sa femme : ma mignonne,
Goûtes-en, ils sont tout nouveaux ;
Par ma foi, l’espèce en est bonne.
La belle avec un doux maintien
Lui dit : mange-les, toi que mon
cœur aime ;
Car ils me feront plus de bien
Que si je les mangeois moi-même. »
Le Chansonnier français, 1740.
Ces propriétés ont donné des expressions comme
« avoir un cœur d’artichaut », datant du XIXème siècle, signifiant
cœur inconstant, livré à autant de caprices que le vrai cœur d’artichaut compte
de feuilles.
Selon une autre croyance, on peut connaître sa destinée
en plaçant sous son lit trois artichauts : sur l'un, on écrit
« célibataire », sur l'autre « marié » et sur le dernier
« religieuse ». Le premier qui s'ouvre délivre l'oracle.
On lui attribue encore d’autres propriétés au XIVème
siècle, notamment de favoriser la conception d’enfants mâles. Dans la région
dijonnaise, de l'artichaut sauvage suspendu au berceau d'un enfant lui porte
bonheur.
En prévoyance du solstice d’été, au Portugal, une
croyance ancienne veut que l’on cueille un artichaut sauvage avant la
floraison, puis qu’on le fasse roussir le 13 juin à la flamme des feux de la
Saint-Antoine, patron de la ville de Lisbonne. Si les pensées que l’on porte à
sa bien-aimée coïncident avec l’amour qu’elle nous porte, l’artichaut fiché en
terre arborera le lendemain une jolie fleur bleu-mauve, symbole de l’amour
naissant. C’est la fleur bleue de l’alcachofra.
C’est vers 1810 que fut créé et développé le gros Camus
de Bretagne, devenu aujourd’hui le plus consommé de France. Ce légume fut
introduit en Louisiane par les Français et en Californie par les Espagnols. Il
existe différentes variétés d’artichauts : les Blancs d’Espagne, les
Blancs hyérois ou macau, les Camus de Bretagne, les Romanesco, les Violets de
Provence. Toutes les sortes sont comestibles. L’amertume des feuilles
d’artichaut a permis l’analogie avec la bile, donc avec le foie. Le fruit cru
est excellent pour le foie qu’il protège des infections en éliminant les
toxines. Il contient de la cynarine, substance amère, qui stimule la formation
et l’élimination de la bile ; il aide à la reconstitution de la cellule
hépatique. La cynarine fait partie de la pharmacopée traditionnelle pour
soigner les rhumatismes. On fait infuser une douzaine de feuilles pendant
dix minutes dans un litre d’eau bouillante, infusion que l’on boit chaude
à jeun ou en fin de repas. Dans le Languedoc, pour faire disparaître les
orgelets, il suffit de les frictionner avec de l'eau dans laquelle ont bouilli
des artichauts.
D’autre part, l’artichaut est excellent pour les
enfants ou les sportifs, car il contient du lévulose qui se transforme en sucre
très vite assimilé par l’organisme.
L’artichaut est riche en potassium, en phosphore, en
sodium, en calcium, en fer et en vitamine A et B. Il est dépuratif,
reconstituant et diurétique. Autrefois, contre les maux de reins et les
problèmes urinaires, on prenait des décoctions de morceaux de tiges séchées
d'artichaut.
1. Ecrivain latin du 1er
siècle, de son vrai nom Lucius Junius Moderatus Columella.
2. 1519 – 1589. Reine de France, elle épousa le futur Henri II.
3. Médecin et poète satyrique français (1577 – 1627), il appartient à la tradition de la satire normande.
4. 1540 - 1623.
5. Antonin Carême, cuisinier itinérant au service de la diplomatie. Il officiait sur commande dans tous les pays et pour toutes les grandes occasions. Il fut longtemps au service de Talleyrand.
6. Ecrivain français (1619 – 1688).
2. 1519 – 1589. Reine de France, elle épousa le futur Henri II.
3. Médecin et poète satyrique français (1577 – 1627), il appartient à la tradition de la satire normande.
4. 1540 - 1623.
5. Antonin Carême, cuisinier itinérant au service de la diplomatie. Il officiait sur commande dans tous les pays et pour toutes les grandes occasions. Il fut longtemps au service de Talleyrand.
6. Ecrivain français (1619 – 1688).
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