Pavot
à opium ou pavot blanc indien (Papaver somniferum var. setigerum ou
var. album)
pavot des moissons ou coquelicot (Papaver rhoeas)
œillette (Papaver somniferum var. nigrum)
pavot des moissons ou coquelicot (Papaver rhoeas)
œillette (Papaver somniferum var. nigrum)
famille des Papavéracées
Les plants de pavot
mesurent de quelques dizaines de centimètres à plus d’un mètre de haut. La tige
comporte de grandes feuilles entières et l’extrémité des rameaux porte un
bouton floral unique. Dès que la fleur se déploie, elle perd ses deux sépales.
Chaque fleur comporte quatre pétales dont la couleur va du blanc (Papaver
somniferum) au rouge (Papaver rhoeas) en passant par divers roses et
mauves selon les espèces et les variétés. Les étamines entourent un ovaire qui,
après pollinisation, se transforme en fruit, capsule globuleuse arrondie ou
ovoïde de quelques centimètres de diamètre. Le pavot à opium présente des
capsules(1)
dont les graines ne peuvent s’échapper sans destruction du fruit alors que les
capsules de l’œillette(2)
présentent des pores par lesquels les graines sont libérées à maturité.
Papaver somniferum signifie porteur de sommeil. Pavot
vient du latin populaire papavus, altération du latin classique papaver.
Le terme opium est probablement issu d’une tournure latine du grec opos
(suc) ou d’une contraction d’opos mekonos(3)
(suc de pavot)
Le
pavot est originaire d’Asie mineure.
Le
pavot des moissons, c’est le coquelicot que l’on rencontre au bord des chemins.
L’œillette est cultivée pour ses graines oléagineuses utilisées en boulangerie(4) (pain
au pavot) et pour en extraire l’huile
d’œillette, appelée "petite huile d'olive".
Graines de pavot |
Le
pavot blanc ou pavot d’Orient est celui dont on tire l’opium. Il est connu depuis des milliers
d’années. Des graines et des capsules ont été retrouvées dans des habitats
néolithiques européens datant de cinq mille ans avant notre ère. Les Sumériens
le connaissaient il y a cinq mille ans et sur une tablette d’argile, on put
lire une inscription en cunéiforme qui décrivait la cueillette du suc de pavot
appelé "plante de joie ou de bonheur". Il était largement utilisé
aussi dans l’Égypte ancienne, notamment par les Pharaons, non seulement à des
fins thérapeutiques mais également pour ses propriétés psychotropes. Sur le
papyrus d’Ebers, on trouve une inscription à propos du pavot servant à arrêter
les cris des bébés. Dans la Grèce antique, la culture hellénistique a toujours
exprimé le souci du rêve et de l’oubli permettant la communication avec les
Dieux. En effet, des divinités grecques comme Hypnos, Thanatos, Déméter
et Nyx, sont toujours ornées de guirlandes de pavot ou tiennent des
plants dans les mains. Selon la mythologie grecque, Morphée, le dieu du
sommeil, secoue chaque soir ses pavots sur les mortels pour leur procurer oubli
et repos. Le pavot est également avec le blé, l’un des symboles de Déméter,
déesse des moissons, qui eut recours au pavot pour apaiser ses souffrances
après l’enlèvement de sa fille Perséphone par Hadès. Dans le monde romain, le
pavot figurait également sur des monnaies. Le Népenthès, boisson
procurant l’oubli de tous les chagrins décrite par Homère dans l’Odyssée,
contenait vraisemblablement de l’opium ainsi que le pharmakon(5),
médicament du même acabit, à la fois drogue et poison, qu’ils donnaient à boire
aux suppliciés. Dans la Rome impériale, en l'an 312, il existait près de huit
cents magasins vendant de l’opium et son prix, modique, était fixé par décret
de l’empereur. La récolte y était faite par scarification des capsules comme
c'est encore le cas aujourd'hui. Pline l'Ancien signalait également ses
propriétés analgésiques et antidiarrhéiques et le pavot était le principal
constituant de la thériaque(6)
inventée par Galien. Dioscoride inventa le premier sirop antitussif à base
d’opium, le diacode. Vers le XIIème siècle, ce sont les Croisades qui
réintroduisirent le pavot et son usage auprès des médecins arabes. La
prohibition de l’alcool par l’islam, dès le VIIème siècle, contribua à faire accepter la
consommation du pavot comme euphorisant et comme médicament chez les Arabes qui
favorisèrent l’expansion de cette plante dans l’ancien monde, notamment en Inde
après les conquêtes musulmanes, où sa culture ne s’y est pourtant développée
que vers le IXème
siècle. Sous le règne des Grands Moghols, empereurs musulmans des Indes du XVIème au XVIIIème siècle, la culture du pavot et le
commerce de l’opium devinrent monopole d’état. L’opiomanie se développa ainsi
que l’habitude de le fumer, importée de Java ou de Formose. A la fin du XIIIème siècle, Marco Polo put observer des
champs de pavot dans le Badakhshan, région du nord de l’Afghanistan. Au XVème siècle, c’est par Venise, ville où
les drogues pénétraient facilement, que le pavot allait continuer sa diffusion.
Les Portugais, puis les Hollandais prirent le relais au XVIème siècle en produisant et en exportant
le pavot dont ils comprirent très vite l’enjeu commercial. Au XVIème siècle, une drogue opiacée fut
inventée par Paracelse(7).
Puis l’Anglais Thomas Sydenham(8),
qui consommait de grande quantités d’opium, en étudia l’action et mit au point
une nouvelle formulation : le laudanum. Ce dernier était consommé en
Angleterre comme apéritif puis sous forme de pilules d’opium brut vendues dans
les pharmacies. C’est à partir de cette époque que l’on peut parler d’abus de
consommation d’opium. D’importants personnages politiques comme Pierre le
Grand, Frédéric II, Catherine de Russie, Richelieu, Louis XIV et bien
d’autres en consommaient tous les jours de même qu’un peu plus tard, de
nombreux artistes et intellectuels comme Goethe, Shelley, Coleridge, Goya, etc.
En Grande-Bretagne, des milliers d’ouvriers en absorbaient, tandis qu’en
France, on fumait le chandou (opium raffiné). En 1916 il y avait environ mille
deux cents fumeries d’opium clandestines à Paris.
Au XVIème siècle, on combattait les rages de dents en buvant des tisanes de pavot. Au début du XIXème siècle, deux pharmaciens français ont étudié les constituants de l’opium, mais c’est l’Allemand Friedrich Sertürner(9) qui isola la morphine, premier alcaloïde obtenu sous forme chimiquement pure. C’est à partir de la morphine que fut ensuite fabriquée l’héroïne.
Au XIIIème siècle, le principal producteur était le Bengale sous la domination anglaise de la Compagnie des Indes orientales. Les Portugais commencèrent à l’introduire en Chine en petite quantité au début de ce même siècle, puis la Compagnie des Indes orientales prit le relais malgré les édits impériaux interdisant son importation. La Chine tentera en vain de résister à l’envahissement de l’opium par le biais de deux guerres (1840-1842 et 1856-1858). Après la première, la défaite chinoise se traduisit par l’importation de trois mille tonnes d’opium en 1850. La deuxième eut des conséquences encore plus graves pour la Chine : six mille tonnes furent importées en 1879, plus de dix mille en 1886. En conséquence, le nombre d’opiomanes chinois dépassa cent-vingt millions, soit le cinquième de la population et ainsi, l’usage de l’opium devint un problème sanitaire important. En 1909, à la conférence de Shanghai, fut prise la première décision internationale de bannir l’usage de l’opium à des fins non médicales, du moins dans les textes. Cela n’empêcha pas la France de continuer à produire du chandou dans ses "bouilleries" de Saigon jusqu'en 1954. On estime à au moins cinq mille tonnes la production illicite annuelle d’opium dont environ le tiers serait consommé sous cette forme tandis que le reste servirait à produire de l’héroïne. Près de 90 % de la production illicite d’opium sont assurés par les deux grandes régions de production, le Croissant d’Or (principalement l’Afghanistan) et le Triangle d’Or (surtout Myanmar). La production en Amérique latine (Colombie, Guatemala, Mexique), qui reste encore marginale, est apparue au cours des trente dernières années.
Au XVIème siècle, on combattait les rages de dents en buvant des tisanes de pavot. Au début du XIXème siècle, deux pharmaciens français ont étudié les constituants de l’opium, mais c’est l’Allemand Friedrich Sertürner(9) qui isola la morphine, premier alcaloïde obtenu sous forme chimiquement pure. C’est à partir de la morphine que fut ensuite fabriquée l’héroïne.
Au XIIIème siècle, le principal producteur était le Bengale sous la domination anglaise de la Compagnie des Indes orientales. Les Portugais commencèrent à l’introduire en Chine en petite quantité au début de ce même siècle, puis la Compagnie des Indes orientales prit le relais malgré les édits impériaux interdisant son importation. La Chine tentera en vain de résister à l’envahissement de l’opium par le biais de deux guerres (1840-1842 et 1856-1858). Après la première, la défaite chinoise se traduisit par l’importation de trois mille tonnes d’opium en 1850. La deuxième eut des conséquences encore plus graves pour la Chine : six mille tonnes furent importées en 1879, plus de dix mille en 1886. En conséquence, le nombre d’opiomanes chinois dépassa cent-vingt millions, soit le cinquième de la population et ainsi, l’usage de l’opium devint un problème sanitaire important. En 1909, à la conférence de Shanghai, fut prise la première décision internationale de bannir l’usage de l’opium à des fins non médicales, du moins dans les textes. Cela n’empêcha pas la France de continuer à produire du chandou dans ses "bouilleries" de Saigon jusqu'en 1954. On estime à au moins cinq mille tonnes la production illicite annuelle d’opium dont environ le tiers serait consommé sous cette forme tandis que le reste servirait à produire de l’héroïne. Près de 90 % de la production illicite d’opium sont assurés par les deux grandes régions de production, le Croissant d’Or (principalement l’Afghanistan) et le Triangle d’Or (surtout Myanmar). La production en Amérique latine (Colombie, Guatemala, Mexique), qui reste encore marginale, est apparue au cours des trente dernières années.
La récolte du latex
s’effectue par temps sec lorsque les capsules commencent à jaunir. Elles sont
incisées à l’aide d’un couteau à plusieurs lames, le nashtar utilisé en
Afghanistan, en Iran et en Turquie ou le nurnee en Inde.
1. Les capsules incisées exudent un latex blanchâtre, qui séché et façonné en
pain, constitue l’opium, renfermant de 12 à 20% d’alcaloïdes dont le principal
est la morphine.
2. Ses capsules donnent la morphine directement sans passer par l’opium.
3. Ce suc récolté était appelé par les Grecs mékonion (de mékone,
pavot).
4. En Europe, on trouve des graines gris-bleu et en Indes, elles sont plutôt jaune
crème.
5. Dans la Grèce antique, le pharmakos était un pauvre, réceptacle
cristallisant sur lui tout le mal, destiné à être sacrifié aux dieux en cas de
catastrophe. En Grec classique, le pharmakon signifie le poison et son
antidote, c’est-à-dire une drogue magique, ambiguë, utilisée uniquement par
ceux qui possèdent des connaissances exceptionnelles : prêtres, magiciens,
médecins… Des analogies apparaissent entre le pharmakon et les saignées
du XVIIIème siècle et les vaccins actuels. Pharmakon est à
l’origine des mots pharmacie et pharmaceutique.
6. Electuaire contenant 40% d’opium et plus de cinquante autres drogues et plantes
dont la jusquiame et la mandragore.
7. Philippe Aureolus Theophrastus Bombastus von Hohenheim, dit Paracelse, médecin
et alchimiste suisse (1493-1541), il fut surnommé le Luther de la
médecine car il prétendait nourrir les gens de manière scientifique en fonction
de la composition chimique des aliments.
8. Médecin anglais (1624-1689), surnommé "l’Hippocrate d’Angleterre", il
est l’inventeur du laudanum (dit "laudanum de Sydenham").
9. Pharmacien allemand (1783-1841), qui a isolé la morphine de l’opium en 1817
sous le nom primitif de "morphium" d’après Morphée, dieu des songes.
La morphine fut le premier alcaloïde végétal (à réaction alcaline) qui fut
isolé.
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