Romarin,
encensier, herbe aux couronnes, rose des marins, rose de la mer, rose-marine
(Rosmarinus officinalis)
famille des labiées
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Romarin vient du latin rosmarinus signifiant rosée marine, soit parce qu’une légère poussière blanche telle une fine rosée saupoudre ses feuilles, soit parce qu’il recherche les endroits où se dépose la rosée de la mer, c’est-à-dire la Méditerranée. En effet, il est originaire de la région méditerranéenne et de l’Asie mineure. Il fut cultivé dans les jardins des îles britanniques pendant plus de quatre cents ans.
En
raison de son feuillage toujours vert, les Egyptiens avaient fait de cette
plante un symbole de l’immortalité de l’âme ; ils plaçaient des rameaux de
romarin dans la tombe des pharaons afin de fortifier leur âme. Les Grecs lui
accordaient une dimension religieuse : d’après la mythologie, les dieux de
l’Olympe lui concédaient plus de valeur qu’à l’or. Il avait la réputation
d’améliorer la mémoire et les facultés intellectuelles. Pour les Romains,
c’était une herbe sacrée qui portait bonheur aux vivants. Ils en tressaient des
couronnes qu’ils coiffaient pour des fêtes particulières et qu’ils déposaient
sur les tombeaux afin d’assurer aux morts un bonheur paisible dans l’au-delà.
L’arôme devait conserver les corps et le feuillage persistant garantir
l’immortalité, tout cela procurant aux morts la paix éternelle. Les Romains le
faisaient brûler en guise d’encens lors de cérémonies religieuses et funéraires, en raison
de son odeur persistante. Ils le dédiaient également à leurs lares(1),
esprits protecteurs du foyer. Horace rendit au romarin le plus
bel hommage en affirmant : « Si tu veux gagner l’estime des dieux,
porte-leur des couronnes de romarin ». Le romarin possède des pouvoirs de
protection puissants depuis que les Chrétiens l’associèrent à la Vierge Marie
qui se serait reposée au pied d’un buisson de romarin pendant la fuite en
Egypte, et qui aurait étendu sur ses rameaux les langes de l’enfant
Jésus ; lorsqu’elle reprit l’enfant, les fleurs auraient viré au bleu,
couleur qu’elles auraient conservée depuis lors. La légende dit également que,
dès ce jour, ses fleurs apparaissent régulièrement le jour de la Passion. Par
conséquent, en parfumer sa maison provoque une protection spéciale. En Sicile,
on en confectionnait des poupées à l’image des personnes malades pour hâter
leur guérison.
Le
romarin était connu au Pays de Galles comme protecteur, il servait d’antidote
aux forces du mal, il était aussi partie prenante de toutes les cérémonies
religieuses et païennes. Au Moyen Age, les gens plaçaient des tiges de romarin
sous leur oreiller pour éloigner les mauvais esprits et empêcher les mauvais
rêves. On dit qu’un peu de romarin dans un baril de bière protège de l’ivresse
et qu’un peigne taillé dans son bois favorise la pousse des cheveux. Au XVème
siècle, on prétendait qu’une vigne ou un champ devenait fertile aussitôt qu’un
romarin y était planté. On dit que le pied de romarin que l’on plantait dans
son jardin ne devait pas avoir été acheté mais plutôt offert par un ami, sinon
il porterait malheur. Elaboré en essence, le romarin fut considéré comme une
eau de jouvence prescrite par les médecins de la cour de Louis XIV.
Le
romarin, comme le thym, devait être planté de préférence le Vendredi Saint,
traditionnellement exempt d’influence maléfique, afin qu’il poussât plus
rapidement.
D’autre
part, le romarin est réputé pour rendre joyeux et provoquer l’amour et la
passion à celui qui en porte sur lui. Dans
une maison, le romarin porte chance à ses habitants et en éloigne le mauvais
sort ; sous un oreiller, il procure un sommeil paisible. On dit aussi
qu'un peu de romarin dans un baril de bière protège de l'ivresse et qu'un
peigne taillé dans son bois favorise la poussée des cheveux. Au XVème siècle, une vigne ou un champ
devenait très fertile aussitôt qu'un romarin y était planté.
Le
romarin, traditionnellement considéré comme une plante antivieillissement,
stimulante pour l’activité cérébrale et améliorant la mémoire, acquit sa
célébrité parce que, distillé, il fut l’élément principal(2) de "l’eau de la Reine
de Hongrie"(3),
décoction mise au point par un ermite féru de botanique.
Au
Moyen Age, le romarin était une herbe utilisée pour purifier l’air et éloigner
les maladies contagieuses ; il entrait dans la composition de baumes pour
guérir les blessures et les douleurs, ses fleurs préparées en confiture
passaient pour "singulières
contre la peste"
et pour aiguiser la vue si on les mangeait le matin à jeun. Selon les Anglais
du nord, un rameau de romarin porté à la boutonnière améliorait la mémoire(4). En
Angleterre encore, des brins de romarin noués d’un ruban étaient recouverts de
feuilles d’or et étaient offerts comme souvenir aux invités d’un mariage.
En
raison des vertus stimulantes sur la mémoire qu’on lui attribue, le romarin
devint un emblème de fidélité amoureuse. Le romarin fut réputé pour rendre
joyeux et inciter à l’amour pour celui qui en portait quelques branches sur
lui.
Certaines
traditions se rapportent à la plantation elle-même. Pour qu'une bouture réussisse, il
faut, dès qu'on l'a en main, la mettre directement en terre. Un
ancien proverbe anglais dit que : « le romarin pousse mieux si sa
jardinière "porte
la culotte" ».
On dit que c’est pour cette raison que certains époux haïssaient secrètement la
plante afin qu’elle meure, pour éliminer la preuve de la domination de leur
femme.
Le
romarin est une plante répulsive aux insectes. C’est une plante efficace pour
soigner les aphtes en gargarisme. Mais l’essence de romarin à hautes doses peut
être épileptiforme. Le romarin contient de l'huile
essentielle et du tanin. Il est désinfectant et révulsif ; il est aussi
diurétique.
Une
fête du romarin a lieu le dernier week-end des vacances de février à Dourgne
dans le Tarn.
1. Dieux romains représentés sous l’aspect d’adolescents tenant dans leurs mains
une corne d’abondance. Divinités de la fécondité et protecteurs des foyers
domestiques.
2. Breuvage composé d’un litre d’ « esprit de vin distillé quatre
fois » et six cent grammes de fleurs de romarin distillé après cinquante
heures. L'eau magique était passée sur le visage, sur les membres douloureux
tous les matins et avalée dans une boisson ou un aliment une fois par semaine.
L'eau de Hongrie dont Mme de Sévigné disait : « Je m'en enivre tous
les jours, j'en ai toujours dans ma poche, je la trouve excellente contre la
tristesse », connut diverses variantes simplifiées au cours des siècles.
On peut en effet se contenter de faire macérer dans de l'alcool les fleurs de
romarin, et après une exposition au soleil d'un mois au moins, les passer au
travers d'un linge. Albert le Grand, dans sa recette qu'il considérait comme
« la véritable qui fut donnée à Isabelle, reine de Hongrie »,
ajoutait au romarin du pouliot (variété de menthe), de la marjolaine et de la
lavande et préconisait une macération de quatorze heures dans du fumier. Avec
lui, la liste des vertus de cette infusion s'allongea : « Ce remède
renouvelle les forces, rend l'esprit net, dissipe les sérosités (partie aqueuse
d’une humeur), conforte la vue et la conserve jusqu'à la vieillesse décrépite,
fait paraître jeune la personne qui en use. Elle est admirable pour l'estomac
et la poitrine en s'en frottant dessus ».
3. A la fin du XIVème siècle, la Reine de Hongrie septuagénaire et
marquée par les rhumatismes, retrouva, grâce au romarin, une nouvelle jeunesse
et fut délivrée de la goutte et de ses rhumatismes. On dit qu’elle fut alors
demandée en mariage par un roi de Pologne.
4. Célébré par Shakespeare dans Hamlet quand il fait dire à
Ophélie : « Voici du romarin pour sceller nos mémoires »
(acte IV scène V).
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